Parmi les réseaux pionniers à s’être intéressé à l’évaluation de l’utilité sociale, citons le Collectif des Festivals de Bretagne. Entre 2012 et 2015, huit festivals du Collectif ont évalué leur utilité sociale :
- Les Bordées de Cancale (35)
- Le festival de Buguélès (Penvénan- 22)
- La Gallésie en Fête (Monterfil – 35)
- Le Grand Soufflet (35)
- Mythos (Rennes – 35)
- Quartiers d’Été (Rennes – 35)
- Les rencontres Trans Musicales de Rennes (35)
- Les Tombées de la Nuit ( Rennes – 35)
La démarche
Etre uniquement évaluer au nombre d’entrées réalisées, avoir les écocups pour seule image de leur action sociétale, se retrouver en concurrence avec des acteurs privés de l’évènementiel, autant d’éléments parmi d’autres qui ont motivés les festivals à s’engager dans un travail collectif autour de l’utilité sociale des festivals.
Pour ce faire , les festivals ont sollicité le DLA. Ils ont ainsi pu être accompagnés par Hélène Duclos et par le Collectif des festivals qui s’est progressivement formé à la démarche.
Dans un premier temps, les festivals ont échangé ensemble, puis ils sont interrogé leurs parties-prenantes sur leur utilité sociale. Ce travail a permis d’aboutir à la construction d’un référentiel commun de l’utilité sociale des festivals.
Fort de ce premier travail, chaque festival s’est lancé dans sa propre évaluation, construisant un référentiel d’évaluation qui lui soit spécifique. Cette étape avec les parties-prenantes est essentielle : “On avait l’habitude du dialogue avec les parties-prenantes, mais nous avons pu diversifié les points de vue, sortir de l’entre-soi” explique le secrétaire général des Trans Musicales. Pour les Bordées de Cancale, “On a pris conscience de la place à la fois importante et intime que le festival pouvait avoir dans la vie des bénévoles“.
Chaque festival a ensuite mené un travail de collecte de données et sa propre analyse.
A partir de leurs travaux, le Collectif a réalisé une évaluation transversale de l’utilité sociale des festivals.
Ce qu’elle change
L’évaluation de l’utilité sociale a permis aux festivals de disposer des arguments chiffrés. “Nous sommes rentrés dans l’ère de la preuve, même si cela fait toujours débat, nous avons intégré l’importance de produire des chiffres, mais nous avons élargi le champ des chiffes que nous donnons, il est beaucoup plus riche et nous répondons ainsi à la demande de communication” explique le responsable des Trans Musicales. La responsable de Mythos le reconnaît : “Au départ, nous avions peur de l’évaluation et nous nous méfiions du chiffre. Aujourd’hui, nous avons plus de facilité à utiliser des chiffres car nous leur donnons du sens. Nous articulons beaucoup mieux qualitatif et quantitatif“.
Pour les festivals, la démarche d’évaluation de l’utilité sociale a été structurante car elle recentre chacun.e sur le sens du projet. Pour les Bordées de Cancale, elle est venue “renforcer la gouvernance en structurant des passerelles entre les salariés et les administrateurs. Le conseil d’administration se positionne à présent plus clairement sur les priorités et les axes stratégiques fondamentaux“”. Du côté du Grand Soufflet, “la démarche a resserré les liens au sein de l’équipe“.
L’évaluation a aussi permis à chacun.e de s’inscrire dans une démarche de progrès :”Nous avons pris conscience du décalage entre des éléments du projet associatif et certaines de nos actions” raconte un membre des Tombées de la Nuit. Pour la responsable de Mythos, “on a acquis une méthode de travail en termes d’évaluation qui perdurera sur nos projets“.
Enfin, la démarche a contribué renforcer les liens entre les festivals et les territoires qui les accueillent. Les Bordées de Cancale ont “pris conscience du lien fort entre le festival et le territoire. Ca vient renforcer la légitimité du festival” indique une administratrice. Pour le Grand Soufflet, “la démarche a renforce les liens avec les co-organisateurs du festival. Les maires ont fait part de leur intérêt pour le festival, notamment sur la place qu’avait le festival dans leur commune et les liens que le festival leur permettait avec d’autres collectivités” explique son président.
Enfin, au niveau Collectif des festivals, cet accompagnement aura été l’occasion de “développer une dynamique et un langage commun entre les festivals” selon l’animatrice du Collectif. L’évaluation de l’utilité sociale est devenu une compétence de la tête de réseau et a lui donné une notoriété sur cette thématique.

